Gabriel Shams – Confessions d’un héros non tatoué

Après l’héroïne, le héros ! Le ‘Prince de Lisbonne’, c’est lui : Gabriel Shams. Il nous reçoit depuis sa suite royale, au dernier étage du cerveau de Marc Moritz. Interview.

héros non tatoué
(image non contractuelle)

Gabriel Shams, vous avez été une star, juste avant l’ère des réseaux sociaux. On vous appelait « Le Petit Prince de la mode », et au début du roman, vous vous cachez à Lisbonne… Pouvez-vous nous en dire plus ?
Surtout pas ! Je gâcherais la lecture. Tout ce que je peux dire, c’est que je réside dans la suite d’un hôtel de l’Alfama, et que ma terrasse donne sur le Tage. Que je connais Lisbonne, et que j’y ai même trouvé mon repaire : le Petit Prince Culture Café (il existe, je vous le recommande!)

On peut aussi dire que vous n’êtes pas du genre ténébreux. Vous êtes plutôt de nature solaire [NDLR – Shams signifie « soleil » en arabe]. Ce n’est pas habituel pour une romance…
C’est vrai qu’au dernier Congrès des Héros de romance, je me suis senti un peu seul. Dans un coin de la pièce il n’y avait que de businessmen au regard pervers de dominateur ; dans l’autre, une collection de bad boys bien bâtis, qui sortaient tous de la même salle de gym. Tous ténébreux, tous un peu machos sur les bords. Je crois que j’étais le seul à ne pas être tatoué. Avec Hugh Grant – très sympa, d’ailleurs.

On dit qu’hormis Hugh, les lectrices demandent du vrai, du tatoué.
Mais qui a dit qu’un tatouage rendait plus vrai ? Le tatouage, c’est comme un vêtement – et croyez-moi, je m’y connais. Il cache autant qu’il révèle.

Vous pouvez nous en dire sur ce Congrès ? Il devait y avoir un public de/en folie !
Eh non ! C’était un Congrès professionnel. Il n’y avait que nous, héros, les éditeurs et des sponsors – notamment une banque d’images spécialisée dans les photos de couverture. On discutait de la romance après #metoo. Très intéressant. Mais je ne peux vous en dire plus, désolé. Secret professionnel. Que celles et ceux qui sont intéressé.es par le sujet me laissent un message…

C’est noté. Et sinon, vous vous êtes bien entendu avec Marc Moritz ? Vous êtes si éloigné du héros du Roi du plaquage, il n’avait jamais écrit de héros comme vous…
C’est peut-être pour ça qu’il avait envie de m’écrire ! Soyons humble : je crois bien que j’ai été créé de toutes pièces pour Elsa. Non pas que je sois son homme idéal, ce serait trop simple (et je crois qu’elle rêvait d’un ténébreux tatoué (soupir)). Mais elle était un peu trop sérieuse au début, il lui fallait quelqu’un comme moi pour la dérider un peu. Ensuite, j’ai fait ce que je fais de mieux : je me suis échappé. Ça n’a pas été si facile pour Marc de me contrôler, je crois.

Mon prince de Lisbonne, de Marc Moritz, Mékiès Éditions
Au fait, l’avez-vous ? (3€90, prix de lancement)

Vous avez fait dérailler l’histoire ? Racontez-nous !
Je n’irais pas jusque là. Il y avait Elsa pour me ramener dans le droit chemin – lequel n’est pas si droit, mais qui aime vraiment les longues lignes droites, hein ?

Et grâce à vous, Marc a beaucoup appris, nous disait-il. Comme Elsa, du reste.
Ha ! C’est vrai. Je suis un spécialiste de la méditation, et croyez-moi, ce n’était pas du tout sa spécialité. Tout comme mes théories sur le vêtement et ma passion du rangement. Nous sommes complémentaires, lui et moi – un peu comme Elsa  : je lui ai ai ouvert les portes d’un palace, il m’a fait découvrir quelques joies d’une nuit en auberge…

J’adore cette scène !
Moi aussi, disons-le. Entre nous, je préfère encore celle de l’autobus – mais chut, tout le monde ne l’a pas lue…

Dernière question, Gabriel : vous n’êtes pas tatoué, mais vous avez tout de même un lourd secret, non ?
Bah. N’en avons-nous pas tous ?

Peut-être… Il y a cette histoire d’addictions, aussi…
Vous savez… [il réfléchit un instant] Je me suis senti un peu seul dans ce Congrès des héros de romance, mais il y a une chose que nous avons tous en commun : nous sommes tous accros à l’héroïne.
Allez, bonne journée !

Exclusif : l’héroïne se confie !

L’auteur ayant le dos tourné, nous avons ouvert ‘Mon Prince de Lisbonne’ pour rencontrer son héroïne, Elsa. Cinq minutes pas plus, nous a-t-elle dit. Nous avons dit Banco. Interview exclusive !

HeroineElsa bonjour. Vous êtes la toute première narratrice de Marc Moritz. Vous n’aviez pas peur, au début de l’aventure ?
Peur de quoi ?

Il aurait pu vous rater. Il n’avait jamais fait parler que des hommes, et là vous tenez le premier rôle…
Ouh là, c’est vous qui me faites peur ! Je n’ai pas pensé à tout ça. Et pour tout vous dire, j’étais confiante. D’abord parce que Marc a bien travaillé en amont : il connaissait bien mon métier, ma ville, mon bar préféré. Et puis, il connaît les femmes, je l’ai vu tout de suite. Il ne sait pas tout, évidemment, mais il s’intéresse. Et il pose des questions- c’est toujours un bon début.

Vous avez eu un modèle ? Une femme qu’il connaît, un fantasme peut-être ?
Marc dit qu’il ne base jamais un personnage sur quelqu’un qu’il connaît, et je le crois. Et un fantasme… Nous le sommes toutes un peu, non ? Mais rien de précis.
Si j’étais prétentieuse, je pourrais dire que je suis une héroïne unique. Je préfère dire que je suis une héroïne assez libre.

Parlez-nous donc un peu de vous…
Eh bien… Je vis à Lyon, dans un petit appartement. J’ai fait des études de lettres avant de me rendre compte que je n’avais pas envie d’être prof de français, et maintenant je suis condamnée à une vie d’aventurière précaire. Depuis cinq ans, j’écris des guides de voyage pour les Editions Solo. Tous mes amis sont jaloux, ils pensent que je suis tout le temps en vacances, mais c’est faux ! Le rythme est élevé, c’est plutôt éreintant. Alors j’ai décidé que cette mission au Portugal serait la dernière. La suite, vous la trouverez dans le livre !

La suite, c’est surtout que vous allez croiser Gabriel – avec qui vous partagez la narration du livre. Vous pouvez nous dire un mot sur lui ?
Non ! Enfin si, je peux vous dire qu’il ne va pas me faciliter le travail. Il est épuisant ! Mais soyons honnête : je suis bien contente que Marc l’ait mis en travers de mon chemin. Même si mon fantasme, au départ, c’était plutôt le type ténébreux, musclé avec une chemise à carreaux. Le genre qu’on trouve sur les couvertures de romance, vous voyez ?

Vous avez lu des romances ??
Marc en a lu, oui. Et puis, ma meilleure amie écrit des romances érotiques, donc je connais assez bien le sujet. Ça fait partie de scènes préférées, j’avoue, quand on parle de ça avec Gabriel.

Globalement, vous vous trouvez plutôt bien traitée par Marc Moritz ?
Franchement, j’aurais pu tomber plus mal, non ? Être sa première, c’est un peu émouvant, je sais qu’il ne m’oubliera jamais, même si je pars faire ma vie ailleurs. Et puis, je sais que j’ai déjà un peu inspiré un autre personnage dans ses carnets de notes, je n’en suis pas peu fière – mais chut, c’est un secret.

Quelles sont les scènes que vous avez préféré vivre ?
Difficile de répondre sans faire de spoiler ! J’aime bien le début, quand je marche dans Lisbonne sans trop savoir ce que je fais là. Et ensuite, toutes les scènes où Gabriel tombe son masque de petit prince. Et puis ce massage, à M… Mais j’en dis déjà trop ! Lisez le livre, plutôt.

Et les scènes de sexe, alors ? Pas trop dur ?
Vous rigolez ? J’ai adoré ! Un amant imaginatif, qui vous fait jouir plusieurs fois dans la nuit (ou la journée), et qui le premier matin sort vous acheter un t-shirt neuf pendant que vous vous prélassez dans un jacuzzi, qui n’en rêve pas ?

Maintenant que vous le dites, en effet…
Et puis, je vais vous dire une chose. Le plus beau, c’est que Marc m’a donné un amant qui apprend au fur et à mesure du livre. J’en ai parlé à des collègues héroïnes de new-romance. Je peux vous dire qu’elles sont jalouses – surtout les Américaines ! Parce que leurs amants ténébreux qui les prennent dans toutes les positions dès la première nuit et qui multiplient les acrobaties, je peux vous dire qu’en vrai, ils sont épuisants ! La plupart des héroïnes ont mal partout, en vérité. J’en connais qui ont fait la moitié d’un roman avec une entorse, sans que l’auteur n’en dise rien. Et quand elles restent en bon état, elles se plaignent : leur bel amant page 400, leur fait l’amour de ma même façon qu’à la page 100. Entre temps, il a révélé son lourd-secret, mais au lit il n’a pas évolué ! Mais enfin, il n’y a pas que le sexe dans la vie. Même si j’adore ça – pas vous ?

Hum… Et quelle est la suite, pour vous ?
Eh bien… Je ne peux pas vous dire où j’en suis aujourd’hui, rapport aux spoilers. La vérité, c’est que je suis un peu anxieuse de savoir ce que les gens vont penser de moi. Vous savez ce que c’est, hein. On fait sa forte tête, mais au fond, on a envie d’être aimée et on a peur de décevoir.
Mais je peux vous dire que je voyage : je suis déjà lue en Catalogne, au Québec, à Taiwan, à New-York, en Lorraine, sur la côte d’Opale ! Et qui sait où, ensuite…
Qu’on se le dise : le voyage, c’est la vie !

Heroine - 2Ah, et une question bonus : c’est vous sur l’image, là ?
Bien sûr que non. Vous aimeriez savoir à quoi je ressemble, hein ? Je vais vous dire : Marc a laissé des indices ici et là, mais en vrai, je ne ressemble à rien tant que vous n’avez pas lu le livre. Et alors, miracle : je ressemble à ce que vous voulez, ou presque. C’est pour ça qu’on aime les romans, croyez-moi. Allez, je dois filer, Marc va rentrer. Salut !

Romance de voyage – le making-of (Interview exclusive, 2/4)

Comment voyager avec ses personnages en ne payant qu’un seul billet ? Et jusqu’où peut aller un auteur de romance qui a envie de voyager ? Deuxième entretien autour du Prince de Lisbonne… Attention, décollage !

– Dites-moi, Marc, comment vous est venue l’idée de ce Prince de Lisbonne ?
Excellente question ! Au départ, il y a eu le projet d’une série de romances de voyage. Belle idée, non ? Je pourrais voyager autour du monde, et à chaque voyage j’inviterais deux personnages pour leur inventer une aventure, différente à chaque fois. Une aventure qui se fondrait dans le décor local.

– Génial ! Genre, une romance Bollywood en Inde, ou une histoire d’amour timide en Biélorussie ?
Par exemple.

Sagres– J’adore. Mais alors, pourquoi le Portugal ?
Parce que j’en avais envie.

– Excellente raison.
N’est-ce pas ? Il était aussi plus facile, pour lancer la série, de commencer par une ville que je connaissais. Puis, comme je voulais voir du pays, j’ai loué une voiture et je suis parti à l’aventure, avec mon carnet de notes, et mes personnages en tête… Et je dois dire que c’est un plaisir exquis que de voyager avec ses personnages. Surtout pour imaginer les scènes-clés.

– Ah ou, les scènes de sexe ! J’ai adoré…
Le sexe, oui, mais pas seulement ! Un peu de tenue, voyons. Et je ne parle pas de petite tenue.

– Parlons-en, justement, des personnages. Vous pouvez nous les présenter ?
Je peux faire mieux que ça : je peux vous arranger une interview exclusive avec eux.

– C’est vrai ? Vous pouvez faire ça ?
Mais oui. Vous savez comme moi que les personnages d’un livre échappent à toujours un peu leur auteur (dans les bons romans, en tout cas), mais je n’ai pas totalement perdu le contrôle. Si je leur demande, ils ne refuseront pas. Si le public les réclame, bien sûr – vous savez comment sont les personnages de livre, toujours un peu exhibitionnistes…

– Merci Marc ! Et dites-moi, tout de même, avant que je ne rencontre Elsa. Tout ce que vous racontez sur les dessous de l’écriture d’un guide de voyage, c’est vrai ?
Bien sûr ! Avant de partir, j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont été d’une aide précieuse. Cette histoire, elle est aussi grâce à eux. Ce sont eux qui m’ont donné l’adresse du Park, là où se rencontrent Elsa et Gabriel. Et sans Marie Charrel, jamais je n’aurais connu le Petit Prince, ce café qui joue aussi un rôle important…

 

Rizières Alcacer
Les rizières d’Alzacer ne sont pas dans le livre. Elles l’auraient pourtant mérité

– Et le spa de Monchique, l’auberge de Sagres, et cette île déserte à Faro… Tous les endroits que vous avez visités sont dans le livre ?
Bien sûr que non ! C’est l’histoire qui doit primer. D’autres souvenirs resteront à jamais dans mon carnet. Et dans ma tête. En revanche, je peux promettre une chose : tous les endroits dont je parle, je les ai vus, je les ai vécus ! Je connais pas mal d’auteurs qui voyagent surtout avec Wikipedia. C’est meilleur pour le bilan carbone, mais pour le lecteur, c’est une promesse de clichés plus que de voyage…

Bombeira 2
La plage de Bombeira, elle, y est ^

– Des noms ! Des noms !
Bah, ne soyons pas méchants.

 

– Et vous avez d’autres voyages en tête, alors ?
Oui ! J’ai une trame déjà prête pour une histoire au Japon, où l’avion jouera un grand rôle. Une autre à Marrakech, dans un hôtel de rêve. Mais voyons d’abord si le Prince de Lisbonne trouve ses lectrices !

– Je comprends. Il faut bien payer le voyage.
Eh oui. Mais j’espère bien que ce sera le cas, parce que j’ai très envie de partir au Japon.

– Je peux venir ?
On verr… Attendez, je passe dans un tunnel, ça va couper. A bientôt !

Marc Moritz, le retour. Interview, et révélations !

Parce qu’un auteur se pose toujours beaucoup de questions, pourquoi ne pas s’interviewer soi-même ? Premier volet d’une série d’entretiens particulièrement intimes, autour du Prince de Lisbonne… C’est parti !

Marc Moritz, bonjour. Vous venez de publier Mon Prince de Lisbonne – que j’ai trouvé remarquable, disons-le. Mais avant d’évoquer le livre, parlons un peu de votre premier roman, voulez-vous ? Le Roi du plaquage. Avant d’être publié chez Milady, vous l’aviez auto-publié, avec un certain succès. Comment l’expliquez-vous ?
Excellente question. Le sujet a joué, forcément, le personnage aussi – j’avais choisi de respecter scrupuleusement les codes de la romance, mais avec pour narrateur un rugbyman bagarreur – ça, je crois, c’était assez neuf.
IMG_543911001Mais la principale raison du succès, c’est la vraie marraine de ce livre. Je ne l’aurais pas écrit si mon amie Angéla ne m’avait pas mis au défi. Et si elle n’avait pas vanté les immenses mérites du livre auprès de sa communauté, sur Facebook. Ensuite, le bouche-à-oreilles a pris le relais.
Disons-le : sans Angéla Morelli, il n’y aurait pas de Marc Moritz.

Et les lectrices, alors ? Vous les oubliez ?
Vous avez raison ! Disons les choses autrement : sans Angéla, je n’existerais pas. Sans les lectrices, je ne serais rien. Et je dois saluer aussi Isabelle Varange, chez Milady, qui en publiant le livre au format poche lui a donné une vie plus belle que tout ce que je pouvais imaginer.

Parlons un peu de vous… Vous avez publié d’autres romans sous votre vrai nom, comment avez-vous géré l’anonymat ? C’est comment, la vie sous pseudonyme ?
J’adore ! Écrire sous un pseudo, c’est une liberté fantastique. Je me suis vraiment amusé – tout en respectant les codes du genre, parce qu’il n’y a pas de vraie liberté sans contrainte (oui, oui, notez!)
Ensuite, eh bien… Le pseudonymat, c’est aussi ne pas faire de photo – mais entre nous, je déteste être pris en photo, donc ça me va très bien.

Vous êtes pourtant très beau.
Merci. Mais je ne suis pas du tout photogénique. Et puis, vous… Oh et puis merde, on peut se tutoyer, non ?

Nous n’avons pas gardé les cochons ensemble.
Mais… Nous sommes la même personne, mec.

Et alors ? On a déjà gardé des cochons ?
Non.

Ben voilà. Donc, on se vouvoie.
OK.

Reprenons. Marc Moritz, vous avez choisi de ne pas montrer votre visage… Mais alors, comment avez-vous fait, à l’extérieur ? Sur les salons du livre, par exemple ?
Je vais vous faire une confidence. Au tout début, j’ai pensé à me fabriquer une sorte de déguisement. Je m’en suis servi une fois – allez, deux. Et puis, en mars 2017, pour la grande signature au Salon du livre de Paris, je n’étais pas en avance… Et j’ai décidé que pour les lectrices qui attendaient, mieux valait arriver à l’heure au naturel que déguisé et en retard. Ainsi donc, elles sont une petite trentaine à m’avoir vu nature – et c’était très bien comme ça. Adieu le déguisement !

Et à l’heure du bilan pour le Roi du plaquage, alors, quels sont vos plus beaux souvenirs ?
L’écriture, vraiment. Ce Salon du livre avec Angéla, qui fut un moment exceptionnel (à celles qui étaient là sur le stand Milady : merci!) Et puis, les critiques du livre, qui ont parfois été un délice découvrir. Je me souviens de Jewelrybyaly (désormais MugBook), qui a acheté le livre un matin et publié une chronique le soir-même : cela, pour moi, c’était nouveau. Et très beau.
Ah, et je veux remercier aussi Mylène Ancel et Aurélie Dee – dites-leur que je n’ai pas oublié que je leur dois un mojito.

Et pas de négatif, alors ?
Non. Bien sûr, il y a eu des critiques plus mitigées. Mais toutes étaient sincères. Le plus souvent, elles exprimaient des regrets : soit qu’il n’y avait pas assez de sexe, soit que le livre était trop court… Presque un compliment, au fond. On m’a reproché aussi l’absence d’épilogue.

Il y a un épilogue dans « Mon Prince de Lisbonne » ?
Oui ! Et j’ai adoré l’écrire. Mais on ne va pas en parlez tout de suite. On se retrouve bientôt ?

Oui. A bientôt, Marc.
Salut mec. Et ne reste pas trop devant ton ordinateur.

… à suivre !

Viva Angéla !

couple idéal enfin

Craig Anderson est l’auteur de polar préféré de Clara, libraire célibataire et blogueuse à ses heures. Mais le mariage du best-seller est un naufrage, et ses derniers livres s’en ressentent. Sans se connaître, Clara et Craig commencent à s’écharpent sur twitter. Et voilà que, fuyant Londres pour terminer un roman à Paris, Craig croise Clara pour de vrai. Et qu’il est sous le charme…

Je vais faire un aveu : je lis assez peu de romances. Et quand j’en lis, il n’est pas rare que je décroche au milieu – ça ne vous fait pas ça, vous ? Moi, souvent.

… Sauf chez Angéla Morelli.
Peut-être parce que ses histoires sont bien plus que de la romance. Parce que les personnages existent vraiment – et les « seconds rôles » tout autant que les deux protagonistes ! Et surtout parce qu’Angéla, de livre en livre, semble maîtriser avec toujours plus de talent l’art de construire son intrigue et de mener chacun de ses chapitres.

En lisant « Le Couple idéal (enfin) », je l’avoue, j’ai pris des notes.
Sur la façon de nous plonger dans l’histoire en quelques pages. Sur sa faculté à jouer avec les clichés sans jamais tomber dedans – mais plutôt en s’appuyant dessus pour mieux faire vivre ses personnages.
Sur l’art du « cliffhanger en douceur » (jamais grossier mais diablement efficace pour créer ou préserver le suspense) ou celui de transformer une scène imposée en épisode ultra-cute pour les personnages secondaires.
Sur l’art du dialogue, aussi : jamais gratuit, souvent drôle, toujours fluide, avec une voix pour chaque personnage… Citez moi un-e auteur-e capable de faire vivre un dialogue – que dis-je, une scène entière – à quatre personnes avec le talent d’Angéla !
Je pourrais aussi parler des ellipses, des scènes à double enjeu, etc. Je retiendrai aussi ce portrait de Craig Anderson, p. 185, qui ressemble furieusement à un autoportrait de l’auteur en best-seller. Ça lui va bien.

J’ai pris des notes, donc. J’ai aussi pris un pur plaisir à le lire. « Le couple idéal (enfin) », c’est un bonbon pour l’été, c’est un roman qui donne envie de tomber amoureux ET de réunir ses amis en terrasse, de se promener le nez au vent et de regarder la vie autrement, c’est un roman qui donne envie de lire et qui donne envie d’écrire.
Je peux en témoigner : j’ai relu hier les derniers chapitres d’un manuscrit qui approche dangereusement de son épilogue. Les chapitres écrits avant la lecture du Couple idéal étaient nettement moins bons que les deux que j’ai écrits depuis.

On prend les paris ? Dans moins de trois ans, Angéla Morelli sera enseignée dans les écoles de creative writing (je crois que c’est déjà le cas). Et elle sera la scénariste d’une série à succès. Des comédies romantiques pour commencer, et qui sait jusqu’où elle ira.

En tout cas, si jamais vous n’aviez pas encore compris : lisez Angéla Morelli !
Mais peut-être est-ce déjà fait ?
Auquel cas je suis honoré de vous voir encore sur cette page (oui, je vous vois).

… Et si vous êtes encore là, je me permets d’en profiter : vous pourriez me conseiller une romance contemporaine qui serait aussi drôle, intelligente et enlevée que celle-là ?
D’avance, merci !!

A bientôt

Marc Moritz is back (et il prend son temps)

DSC_0117« Dites-moi donc, Marc, vous n’étiez pas censé écrire une romance de voyage ? Au Portugal, si je me souviens bien.
– Si, si.
– Elle tarde, non ?
– En effet. Mais je vous promets qu’elle sera bien plus longue que le Roi du plaquage.
– Bonne nouvelle ! C’est donc ça qui a pris tant de temps…
– Eh non, même pas.
– Mais alors, quoi ?
– Figurez-vous que j’ai fini par comprendre, cette semaine : ce qui me prend le plus de temps, c’est de renoncer à inclure dans le roman des notes qui me font de l’œil dans mon carnet.
– Heu… Vous voulez dire que ce qui prend le plus de temps, c’est ce que vous n’écrivez pas ?
– Parfaitement ! Je vous explique. Vous avez voyagé, vous y avez pris un immense plaisir, vous avez noirci votre carnet de notes enthousiastes… Mais quand vient le moment d’écrire le roman, il faut bien penser à l’efficacité de la narration. Et là, il faut bien renoncer : à des détails, à des détours. Et croyez-moi, je ne renonce pas facilement.
– Mazette. Quel héros.
– N’est-ce pas ? Et je ne vous parle pas de ce chapitre de 10 pages que j’ai écrit en décembre et que je m’apprête à retirer.
– Noooon ! Mais ne faites pas ça ! C’était quoi, c’était où ?
– Une nuit entière dans Lisbonne. Croyez-moi, quand vous lirez le roman, vous me remercierez.
– Hum. Mais je le lirai quand, alors ?
– Patience. Il est presque fini, promis juré. Mais ensuite, tout ne dépend pas de moi.
– Oh, allez, dépêchez-vous, mince alors ! Je n’en peux plus d’attendre.
– Moi non plus. Allez, à bientôt. »

(…)

« Oh, et dites-moi, pardon, je me disais…
– Oui ?
– Tous ces souvenirs dans votre carnet, là, vous ne voudriez pas en faire quelque chose ?
– Oui, mais je ne vois pas…
– Eh bien, sur ce blog, par exemple : vous y mettriez quelques-unes de scènes coupées au montage. Ou des impressions de voyage.
– Un peu comme les bonus d’un DVD, vous voulez dire ?
– Oui, mais en mieux. Et puis, vous pourriez les publier ici avant la sortie du livre.
– Ah oui, tiens. Il faut que j’y pense.
– Arrêtes de penser un peu, et faites-nous rêver !
– Euh… D’accord. Vous me donnez trois semaines pour arriver au point final, et on en reparle ?
– Trois semaines, pas plus. On peut dire que vous savez faire durer, vous. Allez, filez ! »

(j’ai filé)

(illustration : lectrice attendant le prochain roman de Marc Moritz,
Musea de Bellas Artes, Séville)

Saison 3 Ep. 2 : une semaine plus tard…

Le roman est sorti dans toutes les librairies voici une semaine… Toutes ? Non. Une poignée de points de vente résistent encore et toujours au Roi du plaquage. Ne les jugeons pas. Car contrairement à toutes les prévisions les plus raisonnables, le livre s’obstine à rencontrer un succès inattendu…
Que la tournée des interviews continue !

Marc Moritz, bonjour ! Alors, une semaine après la sortie, un premier bilan ?
– Eh bien… Disons que toutes les attentes ont été dépassées. L’auteur, lui, ne l’est pas encore, mais ça pourrait venir.
– Ah bon ? C’est le raz-de-marée, la couverture de Lire, les paparazzi, les tables des librairies ? Faites-nous rêver !
– Hé hé… Pour la couverture de Lire, je suis désolé, le rédacteur en chef préfère le Dino Porn (et Asli Erdogan).
– Ah, dommage.
– Quant aux librairies… Une lectrice attentionnée m’a envoyé une photo du livre trônant fièrement sur un présentoir dans un hyper du Pas-de-Calais (merci Aurélie). A Paris, en revanche, si on fait le total des librairies indépendantes qui ont eu l’audace de référencer le livre, on arrive à zéro.
– C’est peu.
– Paris n’a jamais vraiment compris le rugby. Mais ça va changer! A Montmartre, une librairie organise une Soirée Plaquage pour la Saint-Valentin…
– Génial ! Et les critiques, alors ? J’en ai vu de dithyrambiques !
– Oui ! Je m’étais promis de ne pas les lire, mais on ne peut s’en empêcher – surtout quand elles sont aussi sympathiques. Ça fait plaisir. Mais si vous voulez bien, on en parlera dans une autre interview…
– Euh… D’accord, mais vous n’auriez pas un scoop croustillant, juste pour moi ?
– Allez. Je peux vous dire, par exemple, qu’en cette minute-même, le livre est entre les mains de Christian Califano – un ancien grand pilier de l’équipe de France de rugby.
– Noon ! Si ça se trouve, il va adorer !
– Si ça se trouve, il va bien rigoler.
– Hi hi. (la journaliste se rapproche) Et les ventes, dites-moi… Vous n’en parlez pas, mais… Les lectrices s’arrachent-elles le maillot de Romain ?
– Vous voulez vraiment savoir ?
– Oui !!!
– Eh bien… Pour l’édition papier, je n’en sais rien. Mais la surprise, c’est que la version numérique s’est remise à décoller, elle est revenue dans le Top 100, comme en septembre. J’ai regardé hier le classement numérique d’Amazon, le Roi du plaquage était 69.
– 69 ? J’en suis toute retournée.
– Vous voulez un sucre ?
– Non, non, ça va, je vous remercie, je vais rentrer… Vous voulez bien me raccompagner ?

(à suivre)

Interview exclusive

En préambule de la saison 3…
Car oui, aujourd’hui le Roi du plaquage sort dans le grand monde, dans son format poche aux couleurs chatoyantes, avec son prix encore plus raisonnable que son héroïne !
En attendant la suite des aventures (elles commencent déjà, mais chut! attendons la suite), une interview exclusive de l’auteur réalisée le Jour J…
C’est parti !

– Marc Moritz, c’est donc le grand jour ! Comment vous sentez-vous ? Pas trop tendu ?
– Eh bien… Pas vraiment, non.
– QUOI ?? Mais normalement vous devriez être en train de sauter de joie et de frissonner de peur.
– Euh… Là, je bois un café et je m’apprête à prendre une douche. Comme hier, en fait.
– Mais c’est un jour exceptionnel ! Votre première publication papier, votre histoire qui enfin existe physiquement…
– Eh oui. Mais vous savez, pour l’auteur, un livre qui sort, c’est un peu une page qui se tourne.
– Wow ! Je peux noter cette citation.
– C’est offert.
– N’empêche que, hein. J’ai regardé ce que font les autres auteurs. Normalement, aujourd’hui vous devriez publier un statut « Maman maman je tremble ! » pour que les amies et lectrices viennent vous réconforter…
– Ah ? Je crois que je ne saurais pas faire, désolé. Ce qui ne veut pas dire que ça ne me ferait pas plaisir que des amies et lectrices viennent me réconforter.
– Je peux venir, alors ?
– Allez. Je vais vous faire une confidence : l’auteur est toujours heureux de toucher le cœur des lecteurs comme de caresser la couverture de son livre. Mais s’il se met à croire qu’il peut avoir une quelconque prise sur tout cela, il se prépare un bel ulcère. Mieux vaut qu’il se concentre sur le livre suivant.
– Oh, Marc, mais tant de sagesse, c’est de la folie !
– Vous voyez, on est tous un peu fous, quelque part.

Stay tuned!

S.2 Ep.08 – Gloire matinale

gloire-matinaleLes scénaristes sont parfois facétieux…
(c’est aussi qu’ils sont soumis aux aléas du Marché : comment écrire la fin d’une saison 2 quand on ne sait pas s’il y aura une saison 3 ? Ou quand l’actrice principale est injoignable depuis 2 mois ?)

… Nous avions laissé l’impétueux Marc Moritz aux prises avec une bande de pirates pas très dangereux mais très pénibles, et sans nouvelles de l’indomptable Milady.
Et soudain, alors que 2016 touchait à sa fin, rebondissement !
Notre héros retiré au bout du monde pour écrire un prochain chef d’œuvre, reçoit de bon matin la visite d’un pigeon voyageur. A sa patte, un papier rose signé de Milady, entouré d’un petit nœud façon cadeau de Noël.
– Mon petit Marc, vous savez que vous faites un carton sur la Toile ? disait le mot. Rentrez-donc à Paris, j’ai une surprise pour vous. 

N’écoutant que son cœur et le doux appel des droits d’auteur, Marc enfourcha sa fidèle Clio et fonça vers la ville où l’attendait son éditrice.
– Me croirez-vous si je vous dis que nous avons vendu plus de 1000 Rois du plaquage en numérique ? demanda-t-elle en préparant un café dont elle avait le secret.

Il n’en crut pas ses oreilles. 1000 exemplaires ? Pour un auteur inconnu sans la moindre promotion, ou si peu ? C’était impossible.
Milady sourit de l’incrédulité de son jeune poulain :
– Ce n’est pas encore la gloire, mais vous avez des fans ! Et dites-moi : après avoir cartonné en numérique, ça vous dirait de sortir en poche, avec une belle couverture cartonnée ?
– Vous voulez dire… En papier véritable ?? Avec un prix abordable, et la possibilité d’écrire une dédicace sur la page de garde – un vrai livre, quoi ?
– Rien de moins.
– Mais… Mais bien sûr ! Je peux vous embrasser ?

… Et l’affaire fut conclue.
L’édition de poche sortirait fin janvier, tirée à quelques milliers d’exemplaires.
Il y aurait bien une saison 3.

– Je vous enverrai bientôt le projet de 4e de couverture, il faudra me le valider en vitesse, et puis zou ! à l’imprimerie ! poursuivit Milady. Nous n’avons pas de temps à perdre, les tables de librairies commencent déjà à se garnir.
Et c’est ainsi que Marc Moritz, qu’on avait connu en jouvenceau auto-publié sur une obscure plateforme web dans la saison 1, prit conscience de l’arc narratif qui serait le sien en troisième saison : Le Roi du plaquage allait-il survivre dans le monde troublant et fascinant de la Librairie, ou serait-il avalé tout cru par des monstres de papier ? Suspense !

Marc trembla légèrement, mais il n’en montra rien à Milady.
Il avait hâte.

S.2 Ep.07 – Plouf.

… Cliquez ici pour vous inscrire, disait le site pirate.
Marc savait que c’était une mauvaise idée. Amis, bon sens et commentateurs l’avaient averti du danger, mais il était décidé à le braver, pour cette raison imbécile que connaissent toutes celles et ceux qui, un jour, sortent un livre : il fallait bien faire quelque chose.
Il aurait mieux fait de relire Sénèque, mais le lâcher-prise n’est pas la chose au monde la mieux partagée en tout cas, il se partage moins facilement que des pdf piratés, ricana Marc, qui l’avait encore mauvaise. 

abordage-piratesIl cliqua.
Son plan était simple : s’intégrer l’air de rien dans la conversation, et attendre que quelqu’un sur le forum se dise : « Eh, mais c’est vous l’auteur ?? »
Un peu comme si le capitaine d’un vaisseau de marine marchande montait en habit sur le pont d’un bateau pirate et engageait la conversation avec les matelots :
– Beau temps aujourd’hui, non ?
– Ouaip, on peut pas s’plaindre.
– Ce sont de bien belles étoffes que vous avez là
– Ca? Un petit lot qu’on a récupéré la semaine dernière…
– Et vous l’avez eu comment ?
– Ben, comme d’hab.
– C’est à dire ?
– Bah, on a accosté le bateau et on s’est servi. La routine, quoi. Pourquoi ?
(...)

Bref, c’était perdu d’avance. Mais il se disait que ça lui ferait une expérience – une pierre de plus dans le jardin de la Connaissance du nouveau monde numérique. Et un nouvel épisode haletant pour ce feuilleton.

… Et puis finalement, rien.
Non que notre héros se soit débiné – qu’allez-vous croire. Mais on ne monte pas si facilement sur un bateau pirate.
Il pensait entrer un nom et un mot de passe, et hop, accéder aux forums, mais c’était plus compliqué que cela. Une fois qu’il eût cliqué, on lui expliqua qu’il lui fallait envoyer un mail aux modérateurs. On le renvoyait aussi vers le règlement du site, qui stipulait que
1. les contributeurs n’avaient pas le droit de mettre en ligne des fichiers qui ne seraient pas libres de droit
2. le site n’était responsable de rien.

Et là, tout de suite, le combat changeait de nature. Ce n’était plus Marc Moritz contre Cristine (sans H), Didouchka et les autres. C’était le petit auteur contre le Monde moderne, la déresponsabilisation 2.0, etc.
Il lui restait le choix d’envoyer un mail aux modérateurs, en demandant de faire retirer la page, etc, comme une lettre d’avocat. Tout de suite, côté feuilleton haletant, c’était beaucoup moins intéressant.
Il laissa la nuit lui porter conseil.
Mais la nuit apporta bien plus que ça.
Quand il revint à son ordinateur, le lendemain matin, le site était « en maintenance ». Deux jours plus tard il l’était encore. Et quand il fut de nouveau en ligne, la page du Roi du plaquage avait disparu.
Milady était-elle intervenue dans le dos de son jeune protégé ? Il le saurait peut-être un jour.
En tout cas, pour la piraterie, c’était fini.

… J’entends d’ici la lectrice en colère : Ah ouais, tout ça pour ça !
C’est le lot des feuilletons live : la vraie vie, fût-elle 2.0, n’est pas toujours romanesque.

Mais qu’elle apaise sa fureur. car pour notre héros, l’épisode n’aura pas été vain.
En effet, lorsque le lendemain la fieffée Cristine revint à la charge pour republier le livre sur le forum, il se rendit compte qu’il s’en foutait autant que de son 1er mp3.
Un cap était franchi, on commençait à voguer tranquillement vers le prochain livre.
En attendant, il y aurait encore quelques soubresauts, des lectrices inconnues continueraient de glisser des commentaires inattendus sur Amazon (n’hésite pas, au fait, hein) et ça le mettrait en joie.
Puis bientôt il n’y aurait plus rien que le calme, le travail et peut-être un peu de volupté.

Sisyphe était un auteur de romans, je crois. 

A bientôt!